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Cinq lycéens en résistance - Les Martyrs du Lycée Buffon

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Juin 40, images de la France abaissée, détruite. Au terme de six semaines de combats sanglants pendant lesquels l’armée française perd 100 000 tués, plus que pendant la même période devant Verdun l’autre guerre, le pays est envahi. Des millions de réfugiés, Belges puis Français errent sur les routes. Pétain capitule. L’incapacité et le défaitisme du commandement, l’aveuglement des classes dirigeantes (plutôt Hitler que le Front populaire), les responsabilités des gouvernants, de Blum puis de Daladier, ont précipité le pays dans la pire catastrophe qu’il ait sans doute connue depuis la guerre de Cent ans.

Les Français sont tétanisés. Parmi les jeunes, élevés dans le culte de la République, filles et fils d’un pays épuisé mais vainqueur en 1918, quatre ans après les espoirs nés du Front populaire, la colère le dispute à la douleur. Assommés certainement, mais aussi disponibles pour relever la tête.

C’est le cas au Lycée Buffon, ou dès la rentrée 1940 circulent de premiers tracts et journaux clandestins appelant à « secouer les chaînes… ». Il se murmure dans l’établissement que l’animateur de ces appels patriotiques n’est autre que Raymond Burgard, professeur de lettres, militant catholique du mouvement Jeune République, qui fonde dès septembre 40 avec quatre amis le groupe de résistance Valmy.

L’arrestation du professeur Paul Langevin provoque le 8 novembre la première manifestation étudiante et lycéenne, suivie pour l’anniversaire du 11 novembre  du rassemblement aux Champs-Elysées. Les jeunes, au premier rang desquels les lycéens de Buffon chantent la Marseillaise et crient « A bas Hitler, vive la France ». La police militaire allemande les répriment durement, et on compte 11 lycéens de Buffon parmi les arrestations.

 

Michel Agnelet, lycéen de 13 ans et demi, s’en souvient comme si c’était hier. Son copain Lucien Legros lui dit : « Est-ce que tu viens ? Moi, j’y vais ! » Ils sont ainsi dans l’immense foule estimée qui remonte les Champs pour se rendre sur la tombe du soldat inconnu : « Les élèves du Lycée Turgot crient vive la France et tapent alors le sol avec deux gaules de bois pour symboliser le général. On chante la Marseillaise et les filles agitent des drapeaux tricolores. Mais on entend alors une musique militaire allemande qui s’avance et qui couvre notre chant. Nos aînés rentrent dans les bars, prennent divers objets et les envoient sur les musiciens. Seulement derrière se trouve une compagnie de motocyclistes et d’automitrailleuses qui tirent en l’air et nous encerclent. Il y a 1041 arrestations dont 168 passants, 174 étudiants et 699 lycéens. Ils passeront de 2 à 4 semaines en prison pour interrogatoire afin de connaître les meneurs. Ils sont fichés comme terroristes. »

 

Les Cinq copains

Jean-Marie Arthus, né le 2 avril 1925, a 15 ans en 1940. Son père, veuf, est psychiatre. Élève à l’École alsacienne, il n’a été au lycée Buffon que pendant un cours de vacances.

Jacques Baudry est né le 7 avril 1922 ; fils unique d’un professeur d’économie,il habite 247 rue de Vaugirard. Entré à Buffon en 1932, il a passé avec succès le baccalauréat et prépare depuis 1940, en mathématiques spéciales, les concours d’entrée aux grandes écoles.

Pierre Benoit, né le 7 mars 1925 ; son père est officier de police et sa mère directrice d’école maternelle. Il habite 6 square Desnouettes.

Pierre Grelot, né le 16 mai 1923, habite 11 bis rue de Pondichéry. Il est à Buffon depuis la troisième et entre en 1940 en première B. Il n’aime guère les sciences mais travaille bien en histoire et en géographie. Se destine à l’enseignement de l’espagnol. Son père est ingénieur-dessinateur au ministère des PTT.

Lucien Legros, né le 11 juin 1924, est le fils d’un chef de bureau au ministère des Finances. Il habite 28 rue des Plantes dans le XIVe. Passionné de poésie et de peinture, il est en outre excellent pianiste. Il est à Buffon depuis la sixième. Elève brillant, quoiqu’ irrégulier.

 

Un lycée en résistance

Ces cinq garçons commencent, dès l’année 1941, les actions de propagande de la Résistance dans un lycée où la tradition républicaine est vivace, tant parmi les enseignants et le personnel administratif que parmi les éléves des grandes classes. Ils se rapprochent durant l’hiver 1941-1942, et les cinq adhèrent au Front National (large rassemblement de la Résistance intérieure créé en 1941 à l’initiative du Parti communiste français).

En vérité, ils fédèrent une dizaine de jeunes, dont Michel Agnelet, décédé en 2012. Celui-ci a témoigné du fait que Raymond Burgard, apprenant leurs conciliabules, les convoquent dans son bureau et se déclarant, à leur grande stupéfaction, résistant, les conseilla pour les activités clandestines. Michel Agnelet doit aux cinq la vie sauve, car jamais sous la torture aucun ne livra le nom de leurs camarades.

Le professeur Burgard est arrêté en avril 1942. Il sera jugé en Allemagne et décapité à la hache dans la prison de Cologne le 15 juin 1944. Les cinq décident, pendant les vacances de Pâques, d’organiser une manifestation de protestation. Le 16 avril, jour de la rentrée, à la récréation de 10 H 25, une cinquantaine de lycéens extérieurs, filles et garçons, sous la direction de Lucien Legros, pénètrent en force dans le lycée où les attend un groupe de Buffon, mené par Pierre Benoit. Les trois autres, Arthus, Baudry et Grelot, se placent en protection.

Alcide Morel, cofondateur de « Valmy » témoigne :

« En janvier 1941, le numéro 1 du journal clandestin « Valmy » (composé avec une imprimerie rudimentaire et dont j’étais l’un des rédacteurs) diffusé dans le Lycée stimule l’ardeur des jeunes . Le dimanche 11 mai, jour de la Fête de Jeanne d’Arc, leurs groupes nombreux se joignent à la manifestation de masse, dont Burgard et moi-même prenons le commandement, à la statue des Pyramides, devant le siège du PPF où ont lieu les accrochages et au quartier général de la Wehrmacht rue de Rivoli… La répression s’abat aussitôt sur la capitale…Mais le coup de feu de Fabien ne tardera pas à éclater à Barbès ; le « Front National » se crée ; le C.N.R. prend corps.

Dans toute la France envahie et asservie, les jeunes réfractaires sans distinction – des scouts catholiques ou protestants aux Jeunesses Communistes (qui manifestèrent rue du Commerce en juin 1941 ; ce qui me valut une enquête de la police) commencent à se chercher, se rattachent à des réseaux, forment des maquis ; pour eux « un seul ennemi, l’Envahisseur… Le 1er avril 1942 au soir et à mon journal rue Gramme, Burgard et moi rédigeons un projet d’Appel... Le 2 au matin, Burgard est arrêté dans son appartement rue Pérignon.


Le 16, les lycéens et lycéennes de tout Paris envahissent le Lycée Buffon au chant de la Marseillaise, aux cris de « Libérez Burgard ». Et ils annoncent la formation du « Front National des Etudiants ».


Dès lors, Buffon sera le point de mire de la surveillance et des coups de la police allemande et de la milice aux aguets boulevard Pasteur et rue de Staël… Dès lors aussi, ensemble ou séparément, les jeunes intensifieront et élargiront leur action : attaques armées quai de Tokyo et quai Malaquais, coups de main rue de Vaugirard et rue de Bucci, sabotage des voies ferrées et d’aérodromes en Seine et Marne, destruction des pylônes du poste émetteur de Saint-Adresse par des F.T.P.F du « Groupe Valmy ».

 

Pierre Benoît et Lucien Legros entrent dans la clandestinité. En mai, ils rejoignent l’OS (organisation spéciale du Parti communiste, qui va donner naissance aux FTPF). Dès lors ils sont fichés par la police comme très dangereux.

 

La lutte armée

Le groupe, d’un courage exemplaire, mais avec un manque évident de formation militaire, multiplie les actions, sans faire de victimes. La Résistance dans ses débuts, c’était souvent cela.

Le 10 mai 1942, à 14 heures, au croisement des rues d’Armorique et du Cotentin (Paris XVe), un officier allemand, Ragge, est agressé.  Les auteurs, tireurs novices, ne sont pas identifiés.

Le 14 mai, Pierre Grelot réalise l’attentat quai Malaquais contre le major Koligok.

L’équipe lance des grenades quai de Tokyo, contre un amiral allemand et ses invités.

Le 20 mai, tentative d’attentat par Lucien Legros et Jean Artus au domicile d’un étudiant collaborateur d’origine hongroise, Tibor Berger. Les douilles retrouvées proviennent de la même arme qui a servi contre Ragge, et Berger déclare que les tracts communistes déposés ont été introduits par un élève de Buffon. La police militaire allemande et la Brigade spéciale de la préfecture entreprennent les filatures qui vont bientôt aboutir.

Le 31 mai au matin, emmenée par l’institutrice communiste Madeleine Marzin, une manifestation de femmes envahit le magazin Eco, rue de Buci (Paris VIe) pour s’emparer du ravitaillement. La police intervient, et dans la confusion, les deux groupes en protection, dont celui des lycéens de Buffon, tirent. Ils tuent deux policiers et en blessent trois gravement.

L’enquête conjointe des deux polices porte ses fruits : les 3 et 4 juin Baudry, Legros,  Arthus et  Grelot sont arrêtés. Pierre Benoît réussi à se cacher. Il rejoint un groupe FTP dans la forêt de Fontainebleau, près de Moret-sur-Loing, qui sabote les voies ferrées et attaque les convois allemands.

Aux mains de Vichy et des Allemands

Le 17 juin 1942, Legros, Arthus, Grelot et Baudry comparaissent avec d’autres prévenus devant le Tribunal spécial d’État créé par le gouvernement de Vichy. L’audience est consacrée à l’affaire de la rue de Buci. Les débats se tiennent à huis-clos. Ils sont accusés de « pillage, tentative d’homicide volontaire et association de malfaiteurs ».

Le verdict : quatre condamnations à mort, cinq aux travaux forcés à perpétuité, parmi lesquels les quatre lycéens. Mais compromis par ailleurs dans les attentats contre des militaires allemands ils sont remis par la police française aux autorités d’occupation quelques jours plus tard.

Familles en otages

Les attentats se multipliant à Paris, le général von Stülpnagel fait arrêter cent personnes comme otages, dont les familles des lycéens de Buffon. Parents et frères sont conduits au fort de Romainville : le docteur Arthus, Mme Grelot et son fils aîné Jacques, M. Legros et son fils Jean, M. et Mme Benoit (la famille Baudry, absente de Paris, échappe à cette mesure).

Ils ne devront, semble-t-il, leur salut qu’à l’intervention immédiate d’un haut fonctionnaire, ami du père de Lucien Legros. Quatre-vingt-huit otages sont fusillés au Mont-Valérien le 11 août 1942.

Condamnés à mort

Dénoncé lors d’un rendez-vous, Pierre Benoît est arrêté par la police française le 28 août boulevard Haussmann. Il est livré aux Allemands le lendemain, et retrouve ses camarades à la prison de la Santé.

Le commissaire Hénocque des Renseignements généraux confirme la participation de Benoît à plus de 40 attentats contre l’occupant.

Les cinq lycéens passent en jugement le 15 octobre 1942 devant un tribunal militaire : la peine de mort pour tous.

Du fond de la geôle

Pierre Grelot fait parvenir clandestinement une lettre à sa mère dans laquelle il évoque ses conditions de détention.

« […] Depuis le 30 juin, je suis seul dans une cellule sans soleil comme la plupart des autres camarades de souffrance et de combat, mourant de faim, sale, le froid, pas de douche, pas de promenade, pas de lectures et, depuis le 7 juillet, je porte nuit et jour des menottes derrière le dos : je serais un bien mauvais Français si je n’avais pu trouver un moyen de me les ôter… Le seul réconfort à tous ces supplices (j’oubliais les coups reçus à la Gestapo au nerf de bœuf), c’est la certitude de la victoire car, bien qu’au secret, on réussit à avoir quelques nouvelles, et l’héroïsme des camarades qui partent à la mort en chantant. La France peut être fière d’avoir de tels enfants… J’ai été jugé avec mes camarades : Baudry, Benoît, Arthus et Legros, le jeudi 15 octobre 1942, le procès quelle comédie. »

Après les tortures et ce procès expéditif, les cinq sont exécutés le 8 février 1943 dans le sinistre stand de tir de Balard.

Ce lieu clandestin, découvert à la Libération, était aménagé pour les basses œuvres de la police allemande. On y emprisonnait, on y torturait et on fusillait. Les photos du stand montrent les poteaux d’exécution et un mur recouvert d’amiante sur lequel se sont gravées les mains des suppliciés.

 Mémoire Vivante

Décorés à titre posthume, leurs corps sont incinérés en 1952, et l'urne contenant leurs cendres est placée dans la crypte de la chapelle de la Sorbonne au côté de douze universitaires résistants.

Places et rues portent leurs noms. Leur parcours rebelle, leur sacrifice, inspirent en de nombreuses occasions l’action des enseignants et des lycéens de Buffon. 

Sources principales :

Les jeunes et la Résistance, Sous la direction de Laurence Thibault, AERI/La Documentation française, Paris, 2007. 192 pages, 20 euros

Au stand de tir, par Adam Rayski, Mairie de Paris, 2006, 80 pages (consultable sur internet).

La vie à en mourir, lettres de fusillés, 1941-1944, présentés par Guy Krivopissko. Poche-Point, 6,10 euros.

Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier (Le Maitron), Editions de l’Atelier

Les Nouvelles du XVe, hebdomadaire, N° du 17 février 1963, témoignage d’Alcide Morel

Témoignage de Michel Agnelet. Blog La Marseillaise de Michel Peynichou, 7 mars 2007

 

Un poême de Paul Eluard 

« La nuit qui précéda sa mort

Fut la plus courte de sa vie

L’idée qu’il existait encore

Lui brûlait le sang aux poignets

Le poids de son corps l’écoeurait

Sa force le faisait gémir

C’est tout au fond de cette horreur

Qu’il a commencé à sourir

Il n’avait pas UN camarade

Mais des millions et des millions

Pour le venger il le savait

Et le jour se leva pour lui »

 

Il en explique le contexte: 

 

« D’une façon ou d’une autre, la poésie a toujours la vérité pour soutien. Je tiens à préciser quels dramatiques événements m’inspirèrent ce poème : en avril 1942 un élève de l’École alsacienne, Lucien Legros, âgé de dix-sept ans, était arrêté à la suite d’une manifestation au lycée Buffon. Jugé en juin de la même année par le Tribunal d’État français, il fut condamné aux travaux forcés à perpétuité, puis livré à la Gestapo. Pendant tout le temps qu’ils le gardèrent, les Allemands reconnurent son intelligence, sa culture et ses qualités incontestables de musicien et de peintre, jusqu’au moment où ils le condamnèrent à mort […].

Mais il en fut autrement pour mon jeune ami : lui, devant le Tribunal allemand avait, lorsqu’il sentit sa cause perdue, proclamé très haut ses convictions, son amour pour la France et avoué tout le mal qu’il avait pu faire à nos ennemis…

Et comme si l’Allemagne était généreuse, Goering le gracia…

Et, comme l’Allemagne est impitoyable, le même Goering, quelques jours après, le fit exécuter. Il fallait, pour tenter d’obtenir les noms de ses complices, le faire passer par ces alternatives atroces d’espoir et de désespoir. Ils le torturèrent physiquement et moralement.

Entre temps, son père et son frère aîné étaient arrêtés et conduits directement au fort de Romainville pour y être fusillés dans la journée avec une centaine d’otages. Ils ne durent miraculeusement leur salut qu’à l’intervention immédiate d’un fonctionnaire ami du père. Cette réaction reflétait l’émotion et la protestation qui ont atteint beaucoup de Français au point que Vichy décide de faire intervenir de Brinon, ambassadeur de France auprès de l’occupant :

« J’ai l’honneur, écrit-il, d’attirer la bienveillante attention des Autorités Supérieures allemandes sur le cas des jeunes Jean-Marie Arthus, Jacques Baudry, Pierre Benoit, Pierre Grelot et Lucien Legros condamnés à mort le 15 octobre 1942. Les agissements des inculpés légitimement sanctionnés par la Justice française qui a condamné MM. Legros, Grelot et Arthus aux travaux forcés à perpétuité mettaient certainement en péril la sécurité publique. […] L’exécution des intéressés vu leur extrême jeunesse soulèverait la plus vive émotion dans l’opinion française… »

PAUL ELUARD - Les armes de la douleur

 

Extraits des dernières lettres des cinq fusillés

Jean Arthus


On nous a appris ce matin que c'était fini, alors, adieu ! Je sais que c'est un coup très rude pour toi, …tu sauras continuer à vivre en gardant confiance en l'avenir.
Travaille, fais cela pour moi, continue les livres que tu voulais écrire, pense que je meurs en Français…
Je t'embrasse bien...



Jacques Baudry


Mes Pauvres Parents chéris,

On va m'arracher cette vie que vous m'avez donnée et à laquelle je tenais tant. C'est infiniment dur pour moi et pour vous. J'ai eu la chance de savoir, avant de mourir, que vous étiez courageux…j'ai accepté le combat, vous le savez. Je serai courageux jusqu'au bout. La guerre sera bientôt finie. Vous serez quand même heureux dans la paix, un peu grâce à moi. Je veux retourner à Dieu... J'aurais voulu vivre encore pour vous aimer beaucoup. Hélas ! Je ne peux pas, la surprise est amère !
J'ai eu les journaux. Nous mourons en pleine victoire. Exécution ce matin à onze heures. Je penserai à vous, à Nicole… Qu'elle ne m'oublie pas non… Mais surtout, que la vie continue pour elle…


Pierre Benoit




Mes Chers Parents, Chers amis,

C'est la fin !... On vient de nous chercher pour la fusillade. Tant pis. Mourir en pleine victoire, c'est un peu vexant, mais qu'importe !... Le rêve des hommes fait événement…
Nano, souviens-toi de ton frangin… devant la mort même, je ne tremble pas.
Adieu, petite Maman chérie, pardonne-moi tous les tracas que je t'ai faits. J'ai lutté pour une vie meilleure …
Adieu, mon vieux Papa. Je te remercie d'avoir été chic avec moi. Garde un bon souvenir de ton fils.
Tototte, Toto, adieu, …
Adieu tous ceux que j'ai aimé, tous ceux qui m'aimaient, ceux de Nantua et les autres.
La vie sera belle. Nous partons en chantant. Courage. Ce n'est pas si terrible après six mois de prison.
Mes derniers baisers à vous tous.





Pierre Grelot





Maman chérie, Papa et Jacques chéris,

Tout est fini, maintenant. Je vais être fusillé ce matin à onze heures. Pauvres parents chéris, sachez que ma dernière pensée sera pour vous, je saurai mourir en Français.
Pendant ces longs mois, j'ai beaucoup pensé à vous et j'aurais voulu plus tard vous donner tout le bonheur que votre affection pour moi méritait en retour. J'ai rêvé tant de choses pour vous rendre heureux après la tourmente. Mais, hélas ! mes rêves resteront ce qu'ils sont.
Je vous embrasse beaucoup, beaucoup. Gardez toujours dans votre cœur mon souvenir…
Adieu, Maman, Papa, Jacques Chéris, adieu…




Lucien Legros


Mes Parents Chéris, mon Frère Chéri,

Je vais être fusillé à onze heures avec mes camarades. Nous allons mourir le sourire aux lèvres, car c'est pour le plus bel idéal. J'ai le sentiment, à cette heure, d'avoir vécu une vie complète.
Vous m'avez fait une jeunesse dorée : je meurs pour la France, donc, je ne regrette rien. Je vous conjure de vivre... Reconstruisez une belle famille...Pendant ces quatre mois, j'ai longuement médité ; mon examen de conscience est positif, je suis en tous points satisfait.
Bonjour à tous les amis et à tous les parents.
Je vous serre une dernière fois sur mon cœur.

 

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Par Nicolas Devers-Dreyfus, le 06 February 2013

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